Comme pour Banksy, ils sont nombreux à chercher à percer le mystère de l'identité de Satochi Nakamoto. Ce serait un ressortissant japonais, d'après ce qu'il a dit. Sauf que rien dans ses écrits ou ses programmations n'a jamais été fait en japonais. Et son utilisation de l'anglais est si bonne qu'on imagine qu'il est à l'origine anglophone.
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Des paris pour plus de 20 millions de dollars
Depuis plus de 10 ans, les spéculations vont bon train. Il ya même des paris, sur des sites officiels. Une liste de noms pouvant être les créateurs de la cryptomonnaie la plus célèbre du monde existe. Certains se sont autoproclamés Satochi Nakamoto, mais ils sont bien plus nombreux à réfuter l'être. Est-ce parce que le magot associé au nom de Satoshi est valorisé à plus de 60 milliards d'euros, ce qui en ferait la 25e plus grande fortune mondiale ?
Sorti récemment sur la plateforme HBO Max, un documentaire entend résoudre ce mystère qui court sur l'identité du créateur du Bitcoin. Intitulé Money Electric : The Bitcoin Mystery, le film retrace l'épopée de la cryptomonnaie et passe en revue les hypothèses concernant celui qui l'a inventée. La clé du mystère se trouverait… en Belgique !
L'annonce de la sortie du documentaire le 8 octobre à dopé les paris sur le site Polymarket. La plateforme a enregistré plus de 20 millions de dollars de misesrapporte le site allnews.ch.
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Ce qu'on sait à propos de Satoshi Nakamoto
Satoshi Nakamoto serait un ressortissant japonais né en 1975. C'est ce qu'il a affirmé. Il a enregistré et mis en place le nom de domaine bitcoin.org, tout en définissant les standards techniques de la chaîne de bloc. Tout cela est compilé dans ce qu'on appelle un « livre blanc », une sorte de bible du bitcoin, qu'il a publié en 2008. En 2009, il a également créé le premier bloc de la chaîne de bloc, donc initié le processus.
Très actif dans les discussions autour de la cryptomonnaie, il a subitement disparu en 2011, laissant pour seule explication un message dans lequel il dit « être passé à autre chose et qu'on ne le reverra probablement plus dans l'avenir ». De fait, il n'est plus réapparu depuis.
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Ses portefeuilles en bitcoins n'ont pas bougé ou ont été vendus depuis 14 ans. Selon les estimations, ils représentent une valeur de plus de 60 milliards d'euros. Sa réapparition éventuelle est redoutée par beaucoup. S'il venait à vendre ses actifs, cela pourrait provoquer l'effondrement des cryptomonnaies.
Les autres « prétendants »
Le nom de Len Sassaman est loin d'être le seul à remplir les critères permettant de l'associer à la naissance de la cryptomonnaie. Parmi les « prétendants », on retrouve, par exemple, Elon Musk, le patron de Tesla et de Space X. Mais comme beaucoup d'autres, il a nié être celui qui se cachait derrière le pseudo de Satoshi Nakamoto.
Peter Todd – Informaticien canadien, ce serait lui qui se cacherait derrière le pseudo de l'inventeur du Bitcoin selon le documentaire de HBO Max. Très actif dans le milieu de la chaîne de bloc, il aurait été démasqué après avoir publié par erreur un message sur un forum Bitcoin en 2010. Message qui semblait parfaitement prolonger la pensée de Satoshi Nakamoto. Les comptes de Peter Todd et de ce dernier ont disparu dans la foulée. Confronté à cela, le Canadien aurait été très brouillon dans ses explications livrées au réalisateur du film. Le plus étonnant dans cette histoire étant, comme le mentionne le site watson.chque Peter Todd ne figurait même pas sur la liste de Polymarket sur laquelle on pouvait parier. Les spécialistes jugent quant à eux que le Canadien n'était pas capable, à 23 ans, d'avoir pu programmer un système aussi complexe que le Bitcoin.
Adam Back – Cryptographe, ex-membre des Cypherpunks, comme Len Sassaman, ce ressortissant britannique est l'inventeur du Hashcash, un système de lutte contre le spam qu'on trouve aussi dans le Bitcoin. Son nom est mentionné dans le « livre blanc » de Satoshi Nakamoto. En 2019, un documentaire affirmait qu'il était ce dernier. Il s'était empressé de démentir et l'a redit le 9 octobre en réponse à quelqu'un qui l'interrogeait sur le sujet.
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Nick Szabo – Informaticien et cryptographe, il est connu pour avoir développé Bit Gold, une monnaie numérique antérieure du Bitcoin avec qui elle partageait des similitudes. Des chercheurs ont mis en évidence des similitudes entre ses « écrits » et ceux de Satoshi Nakamoto. Il a toujours nié être ce dernier.
Hal Finney – Développeur informatique et cryptographe, il faisait également partie de la bande de Cypherpunks. Ayant travaillé dans le domaine du jeu vidéo, il a été le premier à recevoir une transaction en bitcoin de la part de Satoshi Nakamoto et avoir dialogué avec lui. Il est également le concepteur d'un procédé essentiel pour le minage des bitcoins. Il est mort en 2014 en ayant toujours nié en être l'inventeur.
Craig Wright – Informaticien australien spécialiste de la sécurité des systèmes d'information, il est un des rares à avoir revendiqué être Satoshi Nakamoto. C'était en 2015. En guise de preuves, il avait fait valoir des e-mails et divers documents. Ceux-ci n'ont pas convaincu le tribunal appelé à se prononcer sur la question. Il n'a jamais été en mesure de proposer une preuve cryptographique, seul élément susceptible de démontrer incontestablement qu'il est le père du Bitcoin.
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Wei Dai – Précurseur des monnaies numériques, membre, lui aussi, des Cypherpunks et passé par Microsoft, ce cryptographe d'origine chinoise a développé b-money, considéré comme la première cryptomonnaie. Elle partage des similitudes avec le bitcoin. Son nom et son travail ont été évoqués par Satoshi Nakamoto. Mais Wei Dai a toujours nié être ce dernier.
Gavin Andersen – Scientifique en chef de la Fondation Bitcoin jusqu'en 2017, ce développeur informatique américain a pris la relève pour développer la cryptomonnaie après la disparition de Satoshi Nakamoto en décembre 2010. Il affirme être allé présenter le projet à la CIA mais aussi ne pas être son inventeur.
Dorian Nakamoto – Ingénieur nippo-américain, il avait été identifié par Newsweek en 2014 comme le créateur du Bitcoin. Cependant, beaucoup d'incohérences ont été constatées. Par ailleurs, l'intérêt a toujours démenti être le père de la cryptomonnaie.
La théorie du consortium
D'autres noms sont également avancés et inventoriés sur Polymarket : Paul Le Roux, Gavin Wood, David Kleiman, Jed McCaleb, Shinichi Mochizuki, Vil Lehdonvirta, etc.
Autre hypothèse avancée : derrière le pseudonyme de Satochi Nakamoto ne se cacherait pas une personne mais un collectif. Voir un consortium. Pour certains, le nom de l'inventeur du Bitcoin serait un acronyme composé des entreprises suivantes : Samsung, Toshiba, Nakamichi et Motorola…
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Malgré ses promesses, le documentaire Money Electric : The Bitcoin Mystery est loin d'avoir révélé de manière probante l'identité du père du bitcoin. Aux yeux du site Allnews.ch, la seule preuve irréfutable serait cryptographique. Elle consisterait soit à signer un message avec les clés associées aux adresses Bitcoin d'origine utilisées par Satochi Nakamoto, soit à déplacer les bitcoins qui lui appartiennent. Rien de tout cela n'a été fait depuis sa disparition il y a 14 ans. Le mystère reste entier et les spéculations vont toujours bon train. Tout comme les paris.
Qu'est-ce qu'une cryptomonnaie ?
Une cryptomonnaie est une monnaie numérique – sans existence physique – qui repose sur une technologie appelée blockchain. Contrairement aux euros ou aux dollars, elle n'est pas gérée par une banque ou un gouvernement. C'est un peu comme un fichier sur votre ordinateur ou votre téléphone que vous pouvez envoyer à quelqu'un d'autre, sans passer par un intermédiaire, comme une banque. Les transactions sont sécurisées par une technologie appelée blockchain, qui garde une trace de tout, un peu comme un grand carnet public. À ce jour, il existe plus de 1300 cryptomonnaies, la plus courante étant le bitcoin.
Qu'est-ce que la blockchain ou la chaîne de blocs ?
La blockchain est une technologie révolutionnaire qui permet de stocker et de transmettre des informations de manière sécurisée, transparente et décentralisée. Le mathématicien Jean-Paul Delahaye a comparé à un grand livre numérique partagé entre de nombreuses personnes, un carnet de comptes public, où tout le monde peut voir les transactions, mais personne ne peut les modifier une fois qu'elles sont inscrites. Chaque page du carnet correspond à un « bloc », et quand elle est remplie, une nouvelle page est ajoutée, formant une chaîne de blocs (d'où le nom « blockchain »). Ce carnet est sécurisé et conservé sur de nombreux ordinateurs en même temps, ce qui empêche qu'il soit falsifié. C'est un peu comme si tout le monde pouvait vérifier les informations sans qu'une seule personne ne les contrôle.