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Analyse du programme de Donald Trump et de Kamala Harris concernant les cryptomonnaies

Analyse du programme de Donald Trump et de Kamala Harris concernant les cryptomonnaies
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Alors que nous connaîtrons bientôt le nom du ou de la futur(e) président(e) des États-Unis, nous vous proposons un tour d’horizon des projets portés par Donald Trump et Kamala Harris concernant les cryptomonnaies. Quelles ont été leurs déclarations à ce sujet, et que faut-il attendre de chacun des candidats concernant la régulation de l’écosystème blockchain en cas d’élection ?

Donald Trump : Une ambition de « superpuissance Bitcoin »

Dans le cadre de sa campagne présidentielle de 2024, Donald Trump s’est peu à peu affiché comme un fervent défenseur de la crypto, après avoir été longtemps sceptique à ce sujet dans le passé. Celui qui qualifiait jadis le Bitcoin de « scam » et d’actif sans valeur a radicalement changé de cap, promettant de transformer les États-Unis en une « superpuissance du Bitcoin » et en « capitale mondiale du Bitcoin et des cryptomonnaies ».

Avec ce revirement, Donald Trump souhaite d’une part capitaliser sur l’électorat sensible au sujet des cryptomonnaies, mais également obtenir des soutiens de la part des principaux acteurs de l’écosystème blockchain, en plus de polariser le sujet entre républicains et démocrates.

Une stratégie qui semble fonctionner : grâce à ses promesses de dérégulation et de protection de la souveraineté financière de chacun, l’ancien président a obtenu des contributions financières significatives de la part des jumeaux Winklevoss (cofondateurs de Gemini), de Jesse Powell (ancien PDG de Kraken), ou encore de Cathie Wood, la PDG d’Ark Invest.

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On se souvient également que son changement de position vis-à-vis des cryptos lui avait valu le soutien du candidat Vivek Ramaswamy, lui-même pro crypto, qui a fini par se retirer de la course à la présidentielle afin d’apporter son soutien à l’ancien président.

I just personally donated $1m (mostly #ETH) to @realDonaldTrump.

For too long, the crypto industry has been under attack by Elizabeth Warren, Gary Gensler and others. Despite overwhelming bipartisan Congressional efforts to put clear rules in place, the Biden White House has… pic.twitter.com/Ksxf3P2oCb

— Jesse Powell (@jespow) June 28, 2024

Trump s’engage à mettre fin au « crypto crackdown » orchestré, selon lui, par les démocrates et la Securities and Exchange Commission (SEC) de Gary Gensler. Le président de la SEC, critiqué pour ses actions de régulation perçues comme sévères et restrictives depuis l’effondrement de FTX en 2022, est devenu une cible privilégiée du candidat républicain – tout comme pour la plupart des investisseurs.

🔍 Retrouvez notre dossier revenant sur la croisade anti-crypto orchestrée par la SEC de Gary Gensler

Et ce, au point que Gary Gensler est devenu lui-même un enjeu politique. Lors de la dernière Bitcoin Conference à Nashville (qui a permis à l’ancien président de récolter plus de 20 millions de dollars), Donald Trump a affirmé qu’il le licencierait. Cette promesse symbolique incarne son opposition à une régulation crypto perçue comme hostile, mais il convient de souligner que le mandat du président de la SEC ne prendra fin qu’en 2026, et qu’un éventuel licenciement nécessiterait un motif clair.

Donald Trump a également affirmé que, sous sa présidence, les États-Unis constitueraient une réserve stratégique de Bitcoin. Inspiré par la proposition de Cynthia Lummis, sénatrice républicaine du Wyoming, ce plan viserait à accumuler jusqu’à un million de BTC et à conserver ceux saisis par les autorités, notamment dans le cadre des affaires Silk Road ou Bitfinex, pour renforcer la position américaine sur le marché mondial des cryptomonnaies.

Bitcoins détenus dans les wallets du gouvernement américain suite à différentes saisies

 

En juin dernier, l’ancien président des États-Unis avait également affirmé que sous sa présidence, tous les Bitcoins seraient made in USA. Une déclaration faisant suite à une réunion effectuée aux côtés de David Bailey, le PDG de Bitcoin Magazine, et des géants du minage CleanSpark, Riot Platforms et Marathon Digital.

Cela aurait 2 objectifs, selon lui : aider les États-Unis à être dominants sur le plan énergétique, et constituer une barrière face aux monnaies numériques de banque centrale (MNBC), qu’il avait d’ailleurs promis de ne « jamais autoriser ».

Une promesse impossible à réaliser cependant. Car, s’il est bel et bien possible d’augmenter le hashrate des États-Unis, il est impossible d’empêcher les mineurs de BTC opérant à l’international de continuer leur activité. À l’heure où nous écrivons ces lignes, 37,84 % du hashrate provient des États-Unis. Vient ensuite la Chine, avec 21,11 % du hashrate mondial, puis le Canada avec 6,48 %.

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On se souvient également que Donald Trump avait acheté un hamburger en payant en BTC au mois de septembre dernier, un geste loin d’être passé inaperçu, puisque relayé jusque dans les médias traditionnels. D’autres clins d’œil ont été glissés par l’ancien président au camp crypto, par exemple à l’occasion des 16 ans du white paper de Bitcoin rédigé par Satoshi Nakamoto :

I would like to wish our great Bitcoiners a Happy 16th Anniversary of Satoshi’s White Paper. We will end Kamala’s war on crypto, & Bitcoin will be MADE IN THE USA! VOTE TRUMP! #Bitcoin #FreeRossDayOne

— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) October 31, 2024

« Je voudrais souhaiter à nos grands Bitcoiners un joyeux 16e anniversaire du livre blanc de Satoshi. Nous mettrons fin à la guerre de Kamala contre la crypto, et Bitcoin sera MADE IN THE USA ! VOTEZ TRUMP ! #Bitcoin#FreeRossDayOne »

 

Un tweet accompagné du hashtag « #FreeRossDayOne », car, oui, Donald Trump a affirmé qu’il libérerait Ross Ulbricht s’il venait à être élu président. « Il a déjà purgé 11 ans de prison. Nous allons le ramener chez lui, » avait-il déclaré à ce sujet. Ross Ulbricht est le fondateur de la plateforme Silk Road, qui permettait d’acheter et vendre toutes sortes de choses moyennant du BTC.

Enfin, lors de la Bitcoin Conference – événement où l’ancien président a fait la majorité de ses déclarations sur le sujet -, Donald Trump avait affirmé que la croisade anti-crypto menée par l’administration Biden prendrait fin s’il venait à être élu :

Je promets à la communauté Bitcoin que le jour où je prêterai serment, la croisade anti-crypto de Joe Biden et Kamala Harris sera terminée. Cela finira. Ce sera fait.(…) Nous aurons des réglementations, mais à partir de maintenant, les règles seront rédigées par des gens qui aiment votre secteur, et non qui le détestent.

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Plus précisément, le candidat républicain avait ajouté qu’un comité consultatif présidentiel serait créé en cas de réélection. « Leur tâche sera de concevoir des directives réglementaires transparentes au bénéfice de l’ensemble du secteur, et ils y parviendront en 100 jours, » affirmait-il.

Toutefois, la plupart des investisseurs n’ont pas oublié la façon dont Donald Trump avait fini son discours à Nashville, sur un ton quelque peu condescendant. « Amusez-vous bien avec vos Bitcoins, vos cryptos, et tout ce avec quoi vous jouez, » avait-il déclaré.

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Kamala Harris : Une approche mesurée et ciblée, en quête de régulation responsable et de soutien auprès des minorités

En tant que candidate démocrate, Kamala Harris propose une approche plus nuancée. Bien que la vice-présidente soit restée discrète sur ses positions concernant la crypto, sa campagne de 2024 n’a marqué une inflexion stratégique que très récemment. Dans un discours consacré à la politique économique du pays, la vice-présidente actuelle a rapidement fait mention des « actifs numériques », entre un mot sur l’intelligence artificielle et un autre sur les industries d’avenir.

À la mi-octobre, Kamala Harris a présenté « Opportunity Agenda for Black Men », un projet visant à développer un cadre réglementaire favorable « aux hommes noirs » qui investissent et possèdent des cryptomonnaies. Selon les équipes de campagne ayant élaboré cet agenda, ce ne sont pas moins de 20 % d’Afro-Américains qui possèdent ou ont possédé des cryptomonnaies. C’est à travers cette donnée qu’a été présenté le projet de la candidate démocrate concernant l’ensemble du secteur crypto.

La vice-présidente Harris apprécie la manière dont les nouvelles technologies peuvent élargir l’accès aux services bancaires et financiers. Elle veillera à ce que les propriétaires et les investisseurs en actifs numériques bénéficient d’un cadre réglementaire afin que les hommes noirs et les autres personnes qui participent à ce marché soient protégés.

Équipe de campagne de Kamala Harris

Un angle d’attaque quelque peu surprenant, critiqué par Cleve Mesidor, fondatrice du National Policy Network WOC Blockchain, dans le cadre d’une entrevue accordée à nos confrères de The Block :

Il est déconcertant que l’équipe politique Harris-Walz ait choisi de ne pas rencontrer divers dirigeants de la cryptographie, mais qu’elle déploie plutôt une politique qui encadre étroitement la cryptographie autour des hommes noirs uniquement et propose un cadre réglementaire limitant les hommes noirs aux consommateurs plutôt qu’aux producteurs

 

Malgré un démarrage tardif sur le sujet de la crypto, Kamala Harris a réussi à rassembler des soutiens significatifs dans l’industrie. Chris Larsen, cofondateur de Ripple, et John O’Farrell d’Andreessen Horowitz (a16z) font partie de ses partisans. D’autres figures telles qu’Anthony Scaramucci de SkyBridge Capital ont exprimé leur confiance dans son approche réglementaire.

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Laura Shin, influenceuse dans le domaine de la crypto avec son podcast Unchained, a également exprimé son soutien, appelant Kamala Harris à favoriser la croissance de l’industrie tout en protégeant les utilisateurs dans une interview accordée au Time. « J’exhorte la Vice-présidente Harris à rejeter la politisation de cette technologie révolutionnaire et, au contraire, à l’adopter pour l’aider à remporter la victoire, » déclarait-elle à ce sujet.

Enfin, des personnalités telles que Mark Cuban, bien qu’elles n’aient pas contribué financièrement à sa campagne, ont mis en avant l’importance d’un équilibre réglementaire, affirmant qu’un second mandat de Trump pourrait être déstabilisant pour l’industrie. Pour la candidate démocrate, ce soutien de figures influentes dans le secteur technologique et de la crypto représente un atout important pour sa campagne, même si son approche reste largement plus modérée que celle de Donald Trump.

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Conclusion : Deux visions opposées pour l’avenir de la crypto aux États-Unis

Les positions de Donald Trump et de Kamala Harris sur la crypto sont emblématiques de leurs approches respectives de la politique économique et technologique. Trump incarne une vision délibérément pro-crypto, basée sur la déréglementation, la souveraineté numérique, et une transformation des États-Unis en puissance dominante de Bitcoin. Son projet World Liberty Financial, bien que rencontrant peu de succès, illustre son engagement envers une finance décentralisée, tandis que ses soutiens dans l’industrie crypto témoignent d’une mobilisation non négligeable.

Kamala Harris, quant à elle, propose une approche plus modérée, pour ne pas dire timide. En se concentrant sur la protection des consommateurs et en cherchant à répondre aux besoins spécifiques des minorités, elle espère attirer un électorat sensible aux valeurs de sécurité et d’équité.

Quoi qu’il en soit, les cryptomonnaies sont indéniablement un sujet encore à la marge aux États-Unis, et ne concernent qu’une partie réduite de la base électorale. Nous soulignerons d’ailleurs à ce sujet que le sujet des cryptos et de la blockchain n’a même pas été évoqué lors du dernier débat, et qu’il ne figure pas dans les 20 mesures les plus importantes du programme de Donald Trump. Concernant la candidate démocrate, l’enjeu de la crypto ne se limite qu’à ses 2 allocutions à ce sujet.

À l’heure où nous écrivons ces lignes, les marchés prédictifs Polymarket, Kalshi et Predictit sont en faveur de Donald Trump :

Évolution des prédictions quant au candidat qui remportera les élections présidentielles américaines

 

Naturellement, qu’il s’agisse d’un candidat comme de l’autre, il ne s’agit là que de déclarations, et l’avenir nous dira si le vainqueur respectera ses engagements.

Quoi qu’il en soit, l’industrie crypto prend une place croissante au sein du débat public aux États-Unis comme ailleurs, en partie grâce à l’institutionnalisation du sujet qui s’est illustré via l’arrivée des ETF en janvier dernier.

Longtemps ignoré, l’écosystème blockchain est, pour la première fois, abordé par des candidats de premier plan aux États-Unis. Dans notre dernier dossier exclusif, nous vous proposons de revenir sur le parcours laborieux auquel se sont frottées les cryptomonnaies, pour finir par être reconnues. Et cela n’est probablement que le début.

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Maximilien Prué

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