La BRI voit la paille dans l'œil de la crypto, mais pas la poutre dans le sien. Depuis toujours la finance traditionnelle et les monnaies fiduciaires des États présentent d'innombrables zones d'ombre (voire d'opacité totale) et de magouilles à grande échelle, avec les effroyables scandales financiers qui vont avec. Mais la Banque des règlements internationaux (BRI, ou BIS selon son acronyme anglais) préfère manifestement se soucier des « risques » dans le jeune et petit secteur de Bitcoin (BTC) et des crypto-actifs. Cette fois, ce sont les échanges décentralisés (DEX) et la finance décentralisée (DeFi) qui inquiètent les banquiers supranationaux.
Les points clés de cet article :
La BRI a publié un rapport sur la finance décentralisée, mettant en lumière ses inquiétudes quant à la décentralisation des DEX comme Uniswap. Le rapport a révélé que des « acteurs » dominent le marché de la liquidité pour Uniswap, de manière similaire à la finance traditionnelle (la transparence des registres distribués des blockchains en moins, pour cette dernière).
La BRI estime que les DEX, comme Uniswap, ne sont « pas si décentralisés que ça »
Les Pandora papers, les Panama papers, les Paradise papers,… Des milliards et des milliards de dollars ou d'euros brassés par des systèmes financiers traditionnels totalement obscurs, avec de la corruption à grande échelle (voire des actuels chefs d'État, comme l'ukrainien Volodymyr Zelensky impliqué dans les Pandora papers).
Mais non, la Banque des règlements internationaux est beaucoup plus préoccupée par le petit secteur des cryptomonnaies. C'est donc un rapport sur la DeFi (finance décentralisée) que les banquiers de la BRI viennent de publier ce 19 novembre 2024.
« La liquidité de la DeFi sur les échanges décentralisés comme Uniswap est dominée par un petit groupe d'acteurs concernés et compétents, qui réalisent des rendements plus élevés que les participants individuels. La décentralisation n'est-elle qu'un mythe ? »
Compte X @BIS_org
Les plus riches acteurs dominent le marché de la liquidité (logique, non ?)
Contrairement à la finance classique, où la BRI n'aurait rien pu analyser sans demander aux forces de l'ordre de faire une descente surprise dans les archives d'une banque, l'institution supranationale basée à Bâle (en Suisse) a ici pu analyser les transactions des 250 premiers pools de liquidité du DEX Uniswap (UNI). Cela, grâce à la transparence des registres distribués des réseaux blockchains, où les transactions sont publiques et accessibles à tous.
Les banquiers ont fait la « découverte » (à laquelle tout le monde se serait attendue) que les petits investisseurs n'influencent presque pas la liquidité, et que des très fortunés « acteurs linéaires » (des baleines/investisseurs institutionnels) dominent le marché de la liquidité. Au final, exactement comme dans la finance traditionnelle (et dans la logique), mais sans intermédiaire coûteux et lent au moins dans ce cas présent de la DeFi.
« Ces acteurs (sophistiqués) détiennent environ 80 % de la valeur totale bloquée et concentrent leur attention sur les pools de liquidités qui ont le plus grand volume d'échanges et sont les moins volatiles. »
Extrait du rapport de la BRI, citer par Cointelegraph
Comme le commente l'économiste Gordon Liao, cité par Cointelegraph, malgré les incroyables moyens financiers de ces traders « gérés », ils n'en bénéficient au final « à peine mieux » qu'un plus modeste utilisateur passif. Gordon Liao explique ainsi que la situation est « bien pire » pour les fournisseurs de liquidités dans la finance traditionnelle. On s'en doute, mais manifestement la BRI n'a pas pour objectif de se préoccuper de l'opacité (très souvent corruptrice) de cette finance classique. Taper sur le petit secteur crypto est tellement plus facile que de s'attaquer au gros du (réel) problème.